8 octobre
On vient de s’inscrire au Whangarei rallie. De rallie, il n’a que le nom: la seule contrainte etant d’arriver en Nouvelle-Zelande avant le 15 novembre 2014. Tous les itineraires sont permis. Peu dinconvenients, et comme avantage une entree facilitee a la douane d’Opua (destination finale) et la rencontre du groupe cosmopolite qui se rassemble quotidiennement pour boire un verre ou autre. J’assiste d’ailleurs a mon premier show de travestis. Surprenant. Avec Jury. Qui est Jury? Incroyable, il m’a reconnu! 3 mois plus tot, je l’ai pris en stop avec son capitaine. Et les retrouvailles se font au fin fond d’un bar tongien. D’habitude, je suis reticent a dire que le monde est petit; en ce qui concerne la digestion des milliers de kilometres en avion, on a souvent tendance a revoir a la baisse les distances dont seul le decalage horaire reste temoin. La, rien a dire! Meme en voilier, on se re-rencontre, sur une des tetes d’epingles emergees du Pacifique. Peace Jury! Une partie de billard pour feter ca?
Ce soir, rendez-vous a 5h pour un repas, traditionnel”. Surement un attrape-touriste, se dit-on. On n’apprend seulement en creusant prudemment qu’une serieuse participation est necessaire. Jacques negocie l’affaire, on verra si ca en vaut la peine. L’hote a eu un warning de la part du rallie: Alofi est un personnage. Pagayant de bateau en bateau avec sa barque a l’envers, il propose langoustes, pain, lessives, chants locaux, pavillons de courtoisie faits maison, repas familiaux, etc. Tout ca a des prix defiant toute concurrence!… pas forcement dans le bon sens.
Je retrouve ici souvent des points communs avec le Senegal. Les paysages de l’interieur du village, les odeurs de temps en temps et la vision du „blanc-porte-feuilles”. L’ambiance se partage entre celle d’Afrique de l’Ouest et la polynesienne, de laquelle on retrouve les danses traditionnelles et les raerae (travestis). Une grosse empreinte asiatique egalement; l’histoire des navigateurs polynesiens nous l’explique.
Le 5h arrive. Alofi nous mene a travers la ville, lui de ses 72 ans a velo rouille, nous suivant en trotinettes, a moteur (pour Jacques seulement). La vie interieure de Vava’u devoile le cote cache derriere le monopole neo-zelandais du tourisme financier et du pignon sur rue. La pauvrete apparait, mais les sourires ne nous quittent pas , au contraire. Les enfants et les adultes devisagent les deux-roues farfelus, et les dixaines de cochons se debinent maladroitement pour rester hors de portee de nos idees gores. Nous depassons les maisons, toutes ou presque sans cloture. Des voitures, peu nombreuses, se debrouillent pour rouler sur les quelques chemins bitumes. Petarades inquietantes, et commentaires moqueurs des locaux, nous nous enfoncons: bonjour Tonga, la vraie.
Nous arrivons chez Alofi: 3 enfants jouent dans le jardin, les pieds nus dans la salete et les merdes de cochons. Nous entrons. Rires. Dans la demeure, etroit couloir; je nai vu qu’une chambre. Pourtant, une douzaine de personnes se partagent la cuisine pour preparer notre festin. Une femme depeche un pareo sur les nattes au milieu du salon: la nappe est installee, et nous invites a nous asseoir par terre. Un chat vole par un carreau casse et frole l’oreille de Jacques, surpris. Ca sent mauvais et la misere, mais la famille se plie en quatre pour nous, hotes. On nous a promis „lots of food”, et nous ne sommes pas decus. Boeuf, poulet, poisson, langoustes, et knackis grillees, avec delicieuses chips de fruit a pain. La famille ne dejeune pas avec nous. Seuls 2 petits enfants d’Alofi devisagent et touchent curieusement les blancs qui s’immiscent dans leur vie, le temps d’un repas.
Un regal, et un devouement complet de nos hotes pour quelques precieux dollars. Plutot qu’un warning, Jacques et moi retiendrons de ce repas un engagement exemplaire de la part de Papi Alofi pour nourrir sa famille nombreuse dans la banlieue poussiereuse de Neiafu.
Demain, je participe a un pentathlon; a vrai dire parseme d’etapes pas des plus serieuses: concours de chateau de sable, course en corde a sauter, le tout en fait conclu par une marche-nettoyage ou chaque equipe rapporte 100 litres de detritus. Alors seulement, elle gagne le droit de gober un plat de gelee en un temps record. Les bonnes humeur et conscience faciliteront l’achevement du calvaire culinaire.
Pendant ce temps, Jacques parcourt l’ile avec son engin supersonique (en decibels, j’entends). Il me rapportera un arriere-pays tres cultive et une vie rurale tres differente de celle de l’”immense” Neiafu. Des marchands de fruits a dos d’ane, un pont chinois, et la pauvrete omnipresente accompagnee de sa bonne humeur.
Je m’evade dans la foret, a pied, ou je retrouve les oiseaux. J’enfonce mes orteils dans la terre, et respire les arbres. Ils m’ont tous manques, malgre le bonheur d’etre en mer. Longue pause organique.
Samedi 11 octobre
J’ai de plus en plus de mal a remesurer le temps. Retrouver une date tient de lexploit. Quel bonheur!
Ce soir, Alofi nous a encore deniche quelquechose a faire. Nous sommes convies a une „fete de village ou il chantera”. Les guillemets sont obligatoires, car c’est dans une ceremonie quotidienne de kava que nous sommes introduits.
Encore une fois intrus bienvenus; la soiree dure longtemps, longtemps. Nous sommes acceptes petit a petit dans la famille. La curiosite quant a la langue locale casse les barrieres, je joue un air de guitare et suis invite a faire un discours a propos de qui je suis et d’ou je viens. Ce n’est pas chose facile, mais mes amis apprecient.
Hola! Minuit: il est dimanche, jour du seigneur, sabat hebdomadaire pour le royaume. Seuls les chants religieux sont acceptes maintenant. Les gens s’endorment, et chantent toujours.
On me destine une phrase touchante quand je quitte la soiree en mileu de matinee: „ you’re part of the family, forever!” Petite gueule de bois en prime le lendemain..
La famille, c’est le quartier. La ceremonie est continue; tous les jours, a toute heure, jour comme nuit, des anciens et moins anciens viennent s’ennivrer sous des litres de liquide vegetal. De la musique et des chants, quasi-professionnels, tant que l’orchestre est present.
Bye bye Kava! Il aura fallu 15 ans de Polynesie pour que je te rencontre. Une premiere fois qui restera gravee dans ma memoire. Malo ‘aupito, ‘elo!
Dimanche 12
Aujourd’hui, Jacques reussit a m’emmener a l’eglise. Premiere fois depuis 15 ans aussi. Je le suis. On s’installe dans le fond, et l’eglise, obligatoire dans le Royaume, est pleine; des gens doivent rester dehors. Jessaie de me lever aux bons moments, Jacques me guide; jarrive a dire Amen a temps, et tente d’etre discret. Les gens se levent , je me leve; ils s’assoient, je me rasseoit. Jessaie meme de chanter quand ils chantent. Et puis tout le monde se leve et fait la queue.Jacques m’abandonne opur s’aligner aussi. Jhesite, et imite, en penchant la tete pour essayer de decrypter les actions et attitudes, et savoir ce qui mattend au bout. Je ne vois rien. Si, les gens font un signe de croix. J’espere que je ne vais pas me tromper de sens.. ah, on mange au bout. Une pastille. Je fais de mon mieux pour faire comme tout le monde, effectue le signe de croix, et retourne m’asseoir. Jacques, avec des yeux ronds, me demande si je suis baptise:
– non pourquoi?
– mais ce n’est que pour les baptises! C’est la communion!
Oups. Je suis navre, lecteurs, pour le sacrilege. Pardon.
Petits cabotages les jours suivants, de mouillage paradisiaque en mouillage paradisiaque, avec les copains de Blue Note et d’autres.
D’abord la grande famille de Lumbaz: pas moins de 4 enfants, de 4 a 12 ans, et 4 langues chacun. Des divertissements exemplaires ou au lieu de jeux video et tele je decouvrirai les plaisirs de lambiance theatre-sur-trampoline apres la baignade collective. Luna est un excellent leader de jeux. Merci pour lapres-midi passee a bord, et le bref retour en enfance. Nos routes se recroiseront. C’est promis!
Puis Bernard et Catherine partageront leur bord et un aperitif bien arrose. Les verres et les rires fusent, et les voisins profitent des fortes et fausses chansons francaises.
Nous visitons ensemble les grottes de Vava’u ou bancs de perroquets et napoleons se disputent notre attention, puis Gerard et Monique prennent le cap de Fidji. Ce fut un grand plaisir de les rencontrer et nous esperons fort que Blue Note les emmenera un peu plus loin que la Nouvelle-Zelande!
C’est a notre tour de quitter l’archipel du Nord. Direction Ha’apai. La meteo est bonne, nous quittons Neiafu en fin de soiree sous un coup de trompette coutumier, et glissons dans les meandres nocturnes qui nous ont accueillis quelques jours plus tot. La traversee se passe vite et bien et nous nous reveillons dans lautre archipel, ou jinstalle la ligne derriere Enjoy. Le decor tient des Tuamotus. Plages de sable blanc dominees par les cocotiers par milliers, turquoise de tous les cotes; la difference, c’est qu’ici le lagon n’a pas de limite. Il senfonce a l’Ouest, c’est tout.
Un banc de poisson-volants s’elance devant le bateau, jadmire, puis me retourne: ca mord! Enjoy epuise vite le gros steak d’une vingtaine de kilos qui rejoint son bord. Victoire! On vide le poisson et remplit le frigo, la cocotte et un autre plat. On croule! Pour une fois, c’est nous.
Premiere peche du voyage; on la degustera au feu de coco sur la plage assaisonne d’un peu de guitare. Un de ces moments-recompense que le voyage nous offre.
Ha’apai. Larchipel tongien le plus devaste par le cyclone de janvier dernier: 150 noeuds. Tout en temoigne. Les cocotiers arraches, comme la maison du juge qui s’est faufilee a 10m de son escalier d’entree, au pied de ses fondations. Les tentes unicef accueillent et hebergent toujours familles et eleves au nord de l’ile et les toits restants entiers, rares, protegent d’une pluie qui tarde a venir. On l’attend. Ile basse, Lifuka est souvent ignoree par les cumulus; et les champs, sales, exigent obstinement d’etre rinces avant toute contrepartie alimentaire.
Et malgre tout, le souvenir principal que laisse une balade occidentale dans les „rues” de Pangai est l’eclatante brillance de l’email du bord de route. Toutes les filles illuminent un sourire enchantant, partout, qui soigne a sa maniere la catastrophe.
Strategie d’evitement? Cette question merite d’etre posee par nous, les voileux qui penetrons ces lieux en visiteurs, jugeant et appreciant pour quelques heures, quelques jours, avant de s’en aller ouvrir une autre pochette surprise, un peu plus loin sur l’ocean. N’oublions pas notre privilege, et tachons au moins d’etre heureux! Cest la moindre des choses.
Samedi 25 octobre
Meme a Ha’apai, on trouve internet. C’est Matt qui fournit. Un Australien qui est venu chercher un peu de solitude et pas trop de clients dans un B&B solitaire. Comme activites, rencontres avec les baleines ou cocos glaces au bar, mais surtout Matt m’indique… un spot de surf! C’est lui et le devouement de Jacques qui m’emmeneront a Uoleva ou des vagues me narguent enfin!
Dimanche 26
2 sessions senchainent. Un recif a maree haute et une longue gauche pour moi tout seul. Meme si les conditions ne sont pas vraiment au rendez-vous, c’est que du bonheur.
Suit le tour de Uoleva a pied: une dizaine de kilometres, avec pause en 2 endroits: la premiere due a une envie pressante. Je creuse un trou, pose les fesses sur le sable, devant le lagon. Le vent sale me remplit les poumons. Tout nu sur une plage, les cocotier, personne… je pense que ce sont les plus beaux toilettes que j’aie jamas frequentes!
Quelques kilometres plus tard, j’apercois 2 ailes de kitesurf. J’imagine qu’eux aussi glissent en plein bonheur. L’eau limpide, quasi invisible, ils volent en fait!
J’acheve mon tour, enfile la combi et les plombs pour aller chercher le repas du soir. Ici, le diner est sous la quille. Un fusil et un peu d’apnee puis on retrouve les amis de mouillage sur la plage pour deguster ce que la mer nous a donne. Soiree sportive ou apres jeu avec les enfants de Lumbaz et Nautilus, je repete pour la nieme fois les 4 ou 5 morceaux que Jacques connaitra bientot par coeur.
Lundi 27
Retour a Pangai. Courses, internet,… a m’entendre, on croirait qu’on rentre a la megalopole. En fait de grand et riche ravitaillement, on achete le seul article restant du „jour de marche”, a savoir un paquet de bananes. Au revoir aux 10 personnes qui partagent notre bistrot, au revoir a toute la ville en fait. Non, Pangai n’est pas surexcitee et non elle est loin, tres loin d’une megalopole. Seulement elle contient le quasi-unique magasin de l’archipel.
Lundi 3 novembre
3000 habitants. 3000 habitants, et la trotinette a moteur de Jacques est volee. La seule, l’unique, la bruyante, l’evidente, s’est volatilisee sur les peut-etre 15 km de long de la route-et-demie. On attendra 4 jours de plus pour que la police tente inutilement de mettre la main sur l’ORNI. Jacques dit adieu a sa vigoureuse, et moi a la trotinette classique, requisitionnee. Me voila pieton!
On remonte une derniere fois l’ancre dans l’archipel du milieu, voile dehors vers la capitale, et un autre visage des „friendly islands”. J’ai entendu dire que tu cachais aussi des vagues? Nuku’alofa, nous voila!
Petite escale a Nomuka, a cote de l’ile de la prison; 2 detenus se la partagent: foule des dangereux criminels tongiens.
10 novembre
Arrivee a l’ile principale. Cest curieux comme le village de voiles se soude dans les memes mouillages. Des paysages nouveaux, mais toujours des noms de bateaux familiers. Nirvana, Nautilus, Lumbaz, Cypraea, se retrouvent cette fois-ci chez Big Mama, petite ile au fond du jardin de la capitale. Martin le Tcheque nous y attend, bien entoure de la famille de pangaimotu. Il y a passe 3 semaines sans voir courrir le temps et on comprendra vite comment!
Je me fais adopter par Pesi, la dulcinee de martin, et la maisonnee qui m’apprend que je suis le premier palangi a finir le plat de kava avec eux. C’est alors le debut d’une grande generosite de la part de toute la famille qui m’offre plusieurs fois le repas et la partie de volley; merci Georges, merci Pesi, Andrew, Mone et tous les autres.
Jacques va profiter de l’arret a Nuku’alofa pour sortir le bateau et faire le carrenage. Enfin.. surtout le superviser! Georges et Peni me seront d’une grande aide pour gratter, frotter, astiquer, racler, resiner, scotcher puis enfin peindre pendant 3 jours. Travel lift manuel, 10cm trrop petit pour enjoy, la baramine trouvera une solution pour permettre a la torpille de trouver sa place au sec!
Les 3 jours passes sur la balancoire n’ont vu partir aucun bateau de chez Big mama, et tout le monde reste scotche devant les tablettes pour pouvoir decoller de Tonga vers la Nouvelle-Zelande.
Au carrenage, on rencontrera Jean-Michel, Hollandais (le nom ne trompe pas..), tres sympa.
Je passerai avec lui 2 soirees dans les bars de la capitale. Calme, reflechi, drole, je pense qu’il a beaucoup a m’apprendre!
Premier bar: la serveuse aux dents delicatement decorees de son prenom en lettres d’or, lui demande son nom:
Michel!
Oh here, it’s a girl-only name. Hihi
So I’m Jean.” Hehe pas fou l’artiste.
Et quand Jacques passe les 2 premiers quarts-d’heure dans un restaurant a soupirer et faire des tetes de lard a la serveuse un peu en retard, il saura habiliment captiver l’attention du capitaine pour eviter le malaise… et garder la bonne humeur. Sacre Jacques, et sacree patience.
Samedi
C’est le grand depart. En 36h, 25 bateaux sur 28 quittent Tongatapu pour Minerva Reef, sur la route de la Nouvelle-Zelande. La soiree fut riche en emotion. Les enfants de Lumbaz et Harrison remixent une version de Abba, Big Mama(mia), qui fait venir les larmes au rire (legendaire) de la proprietaire eponyme.
Chicken Blablabla (“Check Republic” en langue pediatrique, qui designe notre pote Martin) croule sous les gamins la veille de leur depart, et partout tout le monde fait ses adieux a ceux qu’ils vont revoir 2 jours plus tard sur le recif. Cette longue attente de bonne meteo a etrangement et solidement soude la grande famille de la caravane a voiles. C’est qu’on commence a se connaitre!
Les spots de surf promis par le web sont tres decevants. 2m annonces, pendant les 15 jours de presence, et un metre difficilement attaint en reel. Je repousse mes pulsions de surf jusqu’a la Nouvelle-Zelande…
Le temps passé, et cette derniere se fait desirer… Je n’ai pas particulierement envie de quitter Tonga, mais mon periple en solo me tarde un peu.
Mercredi
Ca yest, enfin, on decolle. Direction Minerva. Un recif qui emerge a maree basse, spot assure de plongee paradisiaque et qui promet peche miraculeuse!
Reprendre la mer, le bateau qui revit, et qui montre ce qu’il a dans le ventre avec le nouvel anti-fouling et l’helice toute neuve.
Et il y a de l’air! On tourne entre 9 et 11 kts, efficacement, sous spi. Vrai Bonheur.
Une deception quand meme au reveil de mon premier quart. Jacques profite de mon sommeil pour changer de cap. On oublie Minerva. Garnement! Je le soupconne d’avoir un esprit de contradiction si fort qu’il a fui Minerva parceque trop a la mode. Fichtre! J’aurais bien aime visiter ca moi! Enfin. On arrivera plus tot en Nouvelle-Zelande.
En fait, je me rends compte que c’est la regate qui occupe la tete de Jacques. Il veut montrer les prouesses de son bebe et doubler les bateaux qui ont deux jours d’avance. Un choix. Moi je prefere regarder les nuages et les couchers de soleil, et faire giter le bateau pour que la coque profite elle aussi du spectacle. Y a pas de raison quoi!
J’avais oublie comme les nuages du large sont d’une autre espece. Rien ne les arrête; ils ont une autre echelle. C’est du long courier pour eux. Petites taches, risees, rayures, pointilles, peu importe: c’est a perte de vue. Et de plus en plus dense d’ailleurs. On sent se rapprocher le Grand Ciel Blanc: AoTeaRoa.
La mer a verdit ce matin. On rajoute des couches la nuit, et garde parfois le bonnet pendant la journee! Au revoir Tropiques. C’est la premiere fois que je change de climat sans prendre l’avion. Etrange.. Nous fetons ca avec un banc de dauphins qui a fait copain avec le nez d’Enjoy. Beau!
Pendant la traverse, on aura 10h de petole complet: un Pacifique pacifique qui reflete a la perfection le lever du soleil. Encore un moment cadeau, que je trouverai ici dans un demi-sommeil sur le pont. Faut bien profiter des avantages du moteur, aujourd’hui, ca ne penche pas.
Les oiseaux sont toujours la. Ils changent un peu de forme et daspect, et sont plus nombreux que pendant la premiere traversee, mais j’envie toujours leurs looooongs rides qu’ils glissent sur des centaines de milles. On ne voit plus de nodis, ni de sternes, mais les petrels et puffins se montrent plus facilement.
7eme jour de navigation. On accelere la consommation des produits interdits en NZ; a savoir 2 kilos de carottes rapees, 2 fromages bien avances et de pots de miel pour 2 en un repas. Soudain, en levant la tete, un beau cadeau sort de l’horizon et m’envoit un rayon de bonheur dans les yeux. Surprenant, mais neammoins normal voire rassurant, les collines de l’ile du Nord se devoilent, ouvrent ma bouche et hurlent: “TERRE!”
Sous un air de Cumbia, j’ai des frissons et les yeux humides. Ca y est. Un bon reve accompli. Et en guise d’etoile filante, mon premier albatros decolle, avec l’habituel sprint pataud qui les caracterise, devant l’etrave. Waouh..! Merci! J’aime Enjoy, j’aime la vie, youpiii!
Ca y est. Opua nous accueille les bras ouverts. Des echos radio nous montrent que les amis sont arrives, avec la caravane. L’episode douane-quarantaine-immigration se passe dans la bonne humeur – merci Jacques. J’en profite pour piquer une tete dans l’eau du port; un peu fraiche!
Le grand nettoyage du bateau a ete fait pendant les deux derniers jours de navigation. Exempt du moindre mal de mer. 2 mois m’auront suffi pour faire fi des menaces des fonds de cabine! …
Il ne me reste plus qu’a rendre compte de ma vie aux antipodes tahitien et francais, et ce qui me raccroche a Enjoy s’effilochera encore.
Une derniere nuit et demi avec captain’ Jack et je m’envole sur les routes (c’est une image bien sur, avec le sac que j’ai…!)
Salut Lumbaz, Cypraea, Nautilus, salut tous les supers gens qu’Enjoy m’a presente. Sur le ponton, un petit calin a mon colloc de quelques mois, super cuistot et prof de voile, bout en train, drole, quelques defauts evidemment degotes par les 2 mois en couple sur un bateau, mais des defauts qu’on lui aime bien. On se reverra surement, continue de rependre ton epidemie de rires,… et a une prochaine! Tes ecoutes me retrouveront. Bon vent a toi! Et Enjoy la Nouvelle-Zelande.
De Tahiti vers la nouvelle zélande (2)
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